Rencontre avec le pelot de la manade du Rhône, au pays de Banaru, biou de l'Avenir 2013

9 février 2014

Rencontre avec le pelot de la manade du Rhône, au pays de Banaru, biou de l'Avenir 2013

"Expliquer le métier de manadier pour le sauver"

A la confluence du Rhône et du Gardon, sous des bois de pins et de peupliers s’abritent quelques champions confirmés ou en devenir à robe noire et à cornes, dont Banaru, sous la protection de Lavandin et l’oeil enthousiaste de Michel Fouque, pelot de la manade du Rhône. Nous les avons rencontré un vendredi après-midi à l’heure du repas, foin pour tout le monde : tau courageux, veaux de l’année peureux puis curieux, cocardiers distants.

Merci de nous accueillir. Présentes-nous la manade ?

Elle vit grâce à une équipe soudée d’une dizaine de passionnés amateurs. Elle a été créée en 1973 par Gérard Fabrigoule et Jean-Marie Applanat avec des taureaux de Marcel Raynaud et d’Albert Espelly, tous deux parrains de la manade. En 1992, G. Fabrigoule reprend la manade seul. Lors des inondations de 2002, 90 bêtes sont perdues, dont de nombreuses vaches. Des génisses sont alors achetées à la manade Mazars d’Aigues-Mortes, cheptel issu aussi de la manade Raynaud, c’est le seul apport de nouveau sang depuis la création de la manade. Après avoir été pendant de longues années gardian amateur, en 2006, nous avons repris la manade avec Jean-Claude Applanat. La manade du Rhône, c’est 217 ha de pâtures. Si le centre de la manade est sur la commune de Vallabrègues, les pays vont de Raphèle et ses « marais » à Uzès et ses « collines » avec plusieurs herbages entre le Rhône et Uzès. Des près à Montfavet, mon village et celui des fondateurs, permettent de fournir une grosse partie du foin. Un bon équilibre pour la manade, c’est entre 175 et 185 bêtes avec une grosse année 2013 en naissances. Il y a actuellement 200 bestiaux. En 2014, une cinquantaine de taureaux différents courront des courses aux As jusqu’à celles de ligues et de tau. Au-delà des courses camarguaises, la manade cherche au travers de l’organisation de réception, de journées découvertes, de journées pédagogiques avec les écoles, à expliquer la Camargue et ses traditions, la spécificité du travail de manadier, éleveur de bétail non domestique. Cette démarche s’inscrit dans une réflexion que lorsque l’on veut sauver son métier, il faut l’expliquer.

Comment as-tu vécu l’année 2013 ?

Pour les 40 ans de la manade, ce fut, une belle année. Les résultats obtenus récompensent le travail, pas toujours facile, réalisé ces dernières années par l’équipe. Il y a Banaru, meilleur taureau du trophée de l’Avenir 2013. A chaque course il a été flamboyant, avec en apothéose la finale du Trophée à l’Avenir à Istres. Ça fait un plaisir énorme. En plus des valeurs sûres, on a aussi vu pointer la relève, des taureaux présentant de grosses qualités, en particulier les 942 et 944. Nous les retrouverons sûrement en ligue, au Trident d’Or ou à l’Avenir cette année. Au-delà de la manade, on a assisté à l’explosion d’une jeune équipe de tenues blanches avec bien sûr « Zico » Katif avec son potentiel physique et sa vista des taureaux. Mais aussi Jérémy Ciacchini ou Rudy Marquis qui donnent un nouvel élan à la course camarguaise. La montée de Zico aux As est peut-être un peu trop prématurée, une année de plus pour s’aguerrir en Avenir aurait été une bonne chose pour lui. Côté taureaux, Ratis, Biou d’Or a été une nouvelle consécration pour la manade Raynaud, dont est issue une bonne partie du sang de notre manade. Cela m’a fait énormément plaisir, et on est très content pour cette sympathique manade, ainsi récompensée après des années de travail difficile. Il y a eu aussi la confirmation d’Icare (prédécesseur de Banaru et meilleur Biou de la Finale 2013 des As), de la jeune manade Paulin. Ces résultats nous rappellent qu’élever des biou c’est du temps, de la patience, du travail, de la reconnaissance.

Comment se présente l'année 2014, pour la marque du Rhône ?

C’est une année test pour nous. C’est un peu de soucis aussi. Banaru va rentrer dans le grand bain, il n’avait plus rien à apprendre à l’Avenir. Il commence la saison le 9 mars à Saint- Martin de Crau. 6, peut-être 7 courses sont prévues pour lui. Aux As, il sera épaulé par Lavandin et Mazarin. Les autres cocardiers, Rastignac, Gabian, Padilla, Bounias...les 900, qui ont été remarqués en 2013, ont un planning déjà chargé. De belles choses en perspective.

Merci Michel.

Nous lui souhaitons une bonne année 2014, pleine de belles courses pour la manade.

Rémi Honoré